DOSSIER DDR (2003)

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 OCTOBRE 1989 :
 L' "AUTRE ALLEMAGNE" SOCIALISTE ETAIT TRAHIE !

Par Luc MICHEL

Quatorze ans déjà depuis la fin de la République Démocratique Allemande. Quatorze ans de propagande capitaliste et libérale contre l’ « autre Allemagne » socialiste et prussienne. Quatorze ans de misère pour les Allemands de l’Est livrés au colonialisme de l’Ouest…

HISTOIRE D'UNE TRAHISON

Erich Honecker, chef d'Etat de la RDA, leader du Parti communiste de la RDA (SED) pendant dix-huit ans et figure de proue de l’ « autre Allemagne » socialiste et prussienne, a été en effet destitué le 18 octobre 1989 par les opportunistes de son propre parti, inspirés et armés par le révisionnisme et la trahison de Gorbatchev.

En octobre 1989, il est devenu clair même pour les tenants de la ligne la plus dure à la tête du SED que leur autorité est remise en cause.

Alors que la RDA fête ses quarante ans d'existence, les citoyens haussent le ton dans des manifestations insurrectionnelles. L’exemple de Gorbatchev, qui est en train de liquider le Socialisme à l’Est, les motive puissamment. Un autre exemple attire les radicaux du SED, le rétablissement de l’Ordre socialiste suivant l’exemple de la Place Tien-An-men à Pékin, où l’on écoutait aussi les voix jumelles de la trahison gorbatchévienne et de la subversion occidentale. Malgré les recommandations du chef du Kremlin, la direction du SED fait donc la sourde oreille et envisage de mater ce mouvement.

Le 9 octobre, la tension est à son comble. À Leipzig, où 70 000 manifestants se sont réunis dans les églises, on s'achemine vers un scénario à la Tien-An-Men. Les opposants pro-occidentaux exigent d'aller toujours plus loin dans les réformes et scandent le nom de Gorbatchev. Or, rien ne se passe ; la protestation continue. Que s'est-il tramé en coulisses ?

Quelques dirigeants de l’aile opportuniste de la SED, inspirés par Gorbatchev, en profitent pour s’emparer du pouvoir de l'appareil communiste.

Lors de la venue de Gorbatchev à Berlin pour les fêtes des 40 ans de la RDA, où il donnera le baiser de Juda à Eric Honecker, « Gorby » a donné ses consignes et assuré les comploteurs de son appui.

UN QUARTERON DE SALAUDS TRAHIT HONECKER

Le 12 octobre 1989, le bureau politique du Parti est réuni à Berlin-est. Après une réunion pendant laquelle Honecker rejette obstinément, et avec raison, la crise du régime sur « l'agissement des forces hostiles de l'extérieur », trois membres du bureau politique du SED décident d'évincer le vieux dirigeant : Egon Krenz, Guenter Schabowski et Siegfried Lorenz.

Le lendemain, le quotidien populaire « Bild » de l'Ouest titre : « Honecker : dernier jour de travail mercredi ». Comment l'annonce, qui plus est avec la date exacte, est parvenue au journal de boulevard de « l'ennemi » de l'Ouest ? C'est encore aujourd'hui un mystère pour les experts. Mais la réponse devient évidente quant on recherche à qui profite le crime …

Les opposants internes à Honecker sont tout sauf des héros. De tristes figures de traîtres et de salauds ! L'historien allemand Gerd-Ruediger Stephan rapporte que les conspirateurs se retrouvent, en habit de sport, dans un lieu secret de la forêt de Wandlitz (Nord de Berlin) pour comploter sur la chute de Honecker.

En fait, ils courent très peu de risques puisqu'ils se sont assurés le soutien des principaux généraux les jours précédents et que l'allié potentiel de Honecker au parti, le ministre de la défense Heinz Kessler, est en voyage dans le lointain Nicaragua. La NVA et les milices ouvrières ne sortiront jamais de ses casernes pour nettoyer la chienlit pro-occidentale.

Quant à la direction soviétique livrée au courant liquidateur de Gorbatchev et des traîtres qui l’entourent, elle encourage et favorise le mouvement. Le chef de l'Etat et du Parti communiste soviétique, Mikhaïl Gorbatchev, engagé lui-même dans le même processus liquidateur, leur a déjà souhaité « bonne chance », rapporte Harry Tisch, un des comploteurs, alors chef de la « Fédération libre des syndicats de RDA », parti à Moscou chercher du soutien.

Le complot se déroule ensuite sans aucun accroc. Le 17 octobre, la succession de Honecker est mise à l'ordre du jour de la réunion du bureau politique. Lors du tour de table, Honecker ne trouve pas de soutien, même chez ceux en qui il avait confiance. La trahison est complète et définitive.

HONECKER DENONCE LA CAPITULATION
DEVANT « LE CHANTAGE DE L’ENNEMI »

Pour entériner la décision, le Comité central du SED est réuni dans l'urgence le 18 octobre. Erich Honecker y prononce alors, contraint et forcé, son discours de démission. Personne ne sera dupe de l'explication officielle selon laquelle Honecker est parti pour raisons de santé.

Honecker dans le huis clos du Comité central dénonce la capitulation des traîtres « devant le chantage de l’ennemi » et leur annonce que son départ « ne résoudra rien ». L’Histoire lui a – hélas – donné raison.

Deux fidèles d'Honecker, Guenter Mittag et Joachim Herrmann, quittent la scène avec lui. Le reste du bureau politique, 21 membres en tout, démissionnera le 8 novembre. Le SED et la RDA sont entièrement livrés aux mains de la trahison.

Egon Krenz est élu à la succession de Honecker le 18 octobre. Il ne parviendra pas à rester au pouvoir. Comme leur modèle Gorbatchev, les opportunistes ont ouvert la voie du malheur pour leur peuple. Quelques semaines après les premiers « McDo » ouvrent à Moscou.

LE DERNIER COMBAT D'HONECKER

Quant à Erich Honecker, il est mort en mai 1994 au Chili des suites d'un cancer du foie.

Auparavant, il avait été emprisonné par le régime libéral de RFA, et poursuivi en justice où on voulait lui appliquer rétroactivement les lois de l’Allemagne fédérale. Comme à des centaines de dirigeants, fonctionnaires et militaires de la RDA, état souverain et internationalement reconnu depuis 1947 ! Dans l’acte d’accusation figuraient aussi des actes datant de la lutte du KPD contre les Nazis avant 1933 !!!

Réfugié à Moscou, il avait été vendu à la justice inique et revancharde de RFA. Honecker, l’un des plus chauds partisans de l’alliance russe, a été livré par ELTSINE. « C’était comme si vous donniez votre animal chéri pour des expériences de vivisection », commente l’un des militaires soviétiques qui se ont opposés vainement à son extradition.

A la suite d’une campagne internationale de soutien, marqué par la création de « Comités Honecker », et à laquelle le PCN est fier d’avoir contribué, le vieux leader, gravement malade, finira par être libéré.

Le vieux lutteur, qui n’aura jamais abdiqué, reste face à ceux qui l’ont trahit et vendu le vainqueur moral. L’Histoire lui rendra justice.

REUNIFICATION OU COLONISATION ?

La suite est tristement connue. Ce sera la « réunification officielle », en fait une opération de colonisation de l’Est par l’Ouest, où l’ex-RDA sera livrée au capitalisme sauvage et au chômage.

L’exemple de Leipzig, capitale industrielle de la RDA, qui rivalisait techniquement avec l’Occident dans les Années 60-80, est significatif. « Leipzig ville fantôme » titrait récemment le « Courrier International » (Paris) : « Il était une fois une cité industrielle de 530 000 habitants qui faisait figure de ville d’avant-garde dans la lutte pacifique contre le régime de la RDA : quand le mur de Berlin tomba, en 1989, ce fut en grande partie grâce aux manifestations incessantes de la population de Leipzig. Moins de dix ans plus tard, en 1998, la deuxième ville d’Allemagne de l’Est après Berlin avait perdu presque 100 000 habitants. Et l’exode continue. La réunification a eu des conséquences dramatiques. Toute l’infrastructure économique des nouveaux Länder a été oblitérée d’un coup. Le déclin industriel et le chômage forcent les jeunes à partir pour faire leur vie ailleurs, dans la prospère et si proche Bavière, par exemple. A cela s’ajoute une chute spectaculaire de la natalité dans toute l’Allemagne de l’Est. Résultat : presque 60 000 logements sont aujourd’hui inoccupés, et la municipalité de Leipzig commence à envisager des démolitions d’immeubles à grande échelle. Ces projets d’urbanisme en peau de chagrin ont des noms de code romantiques comme “Sombre forêt” ou “Bois ensoleillé”, qui cachent une recette assez simple : raser les quartiers vétustes ou défavorisés et transformer les surfaces ainsi gagnées en espaces verts pour faire plaisir à ceux qui veulent bien continuer à habiter la ville. Afin de frapper les imaginations (et pour rire), on a même évoqué l’idée d’un grand parc animalier à côté de la gare centrale flambant neuve ».

« La municipalité incite les propriétaires à faire démolir leurs immeubles, car ils ne les loueront plus jamais », résume « Der Spiegel ». « Ensuite, ils sont invités à faire don des terrains à la ville. Quant à ceux qui refusent, ils finiront par vendre leur bien, devenu inexploitable, à très bas prix, estiment les urbanistes ».

Jusqu’à 400 000 logements seront ainsi supprimés dans les années à venir !

LE PDS DANS LA CONTINUITE DE LA TRAHISON DE LA RDA

Ironie de l’Histoire, les pseudo « néo-communistes » du PDS – en fait des sociaux-démocrates –, héritiers des liquidateurs opportunistes de 1989, et leur parti, porteur du sigle honteux qu'ils avaient choisi en 1989, en reniant le SED, y capitalisent les voix des nostalgiques de la RDA, de plus en plus nombreux. Après avoir obtenu les biens et les avoirs de l'ancien Parti communiste de RDA. La trahison n'est pas toujours sanctionnée par l'histoire... Et Juda prospère parfois avec les deniers de sa forfaiture.

Les politiciens du PDS, formation sociale-démocrate honteuse et non pas « communiste rénové » (comme on le qualifie abusivement, dans la ligne des fondateurs du parti, qui repose tout entier sur le reniement de la RDA et la recherche de prébendes politiques, s’inscrivent sans conteste dans la continuité de la trahison de l’ « autre Allemagne ».

Leur but c’est de revenir aux affaires, en partenariat avec la Sociale-démocratie du SPS, les « socialistes » (sic) de RFA.

Trois mois après le scrutin régional du 21 octobre 2002, après bien des reniements, ils y parvenaient enfin. Le SPD et le PDS signaient un contrat de coalition conclu pour gouverner la ville-Etat de Berlin, sous la houlette de Klaus Wowereit (SPD).

Les deux partis étaient parvenus à un accord début janvier 2003. Le leader du PDS, l'avocat Gregor Gysi, l’homme qui fut le cerveau de la trahison de Honecker, 54 ans, devenait ainsi ministre de l'Economie, du Travail et des Femmes.

Le président régional du PDS, Stefan Liebich, qualifiait cet accord d'historique. « Les deux partis vont pouvoir façonner l'unité de la ville d'une manière tout autre que jusqu'à présent. C'est un grand jour pour Berlin », déclarait-il.

La politique de la coalition SPD-PDS va en fait consacrer le ralliement à la politique néo-libérale en vogue, à commencer par un nouvel assaut contre les services publics. Curieuse politique pour de soi-disant « communistes rénovés » (sic) !

SPD et PDS comptent en effet mener une politique d'austérité budgétaire. Un plan d'économies d'un milliard d'euros (890 millions de dollars) dans les services publics est prévu.

Dans le préambule de leur accord, SPD et PDS ont « condamné les injustices du régime communiste de la RDA, la construction du Mur de Berlin en 1961 et l'unification forcée au sein du parti unique de la RDA, le SED, des sociaux-démocrates du SPD avec les communistes du KPD dans la zone d'occupation soviétique après la Seconde Guerre mondiale ».

Le PDS ne participait jusque là qu'à un seul gouvernement régional, celui de Mecklembourg-Poméranie (Nord-Est).

TREIZE ANS APRES, L'ALLEMAGNE CAPITALISTE
N'A PAS ENCORE PARACHEVE SA COLONISATION
DE L’ « AUTRE ALLEMAGNE » :
DESILLUSION A L’EST !

L'Allemagne a fêté cette année avec une solide gueule de bois 1’anniversaire de sa « réunification », qui est aussi la fête nationale de RFA, dans une atmosphère morose, alors que le gouvernement du chancelier social-démocrate Gerhard Schröder a du mal à imposer les réformes nécessaires pour remodeler l'Etat-providence.

« Nous ne devons pas abandonner nos efforts pour parachever l'unité de l'Allemagne. Même si beaucoup a été réalisé, nous ne nous faisons pas d'illusions quant au long et difficile chemin qui reste à parcourir », a déclaré Gerhard Schröder à Magdeburg, où ont lieu cette année les commémorations nationales du 3 octobre 1990.

De fait, dans son récent rapport annuel, le ministre chargé de la reconstruction à l'Est, Manfred Stolpe, soulignait que « le rêve d'un ajustement rapide entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est doit être enterré ».

On est loin de l’euphorie – et des mensonges de la propagande occidentale – de 1989-90 ! Pour 62% des Allemands, selon un sondage, le Mur existe toujours ... dans les têtes. Il est aussi dans les statistiques économiques : le taux de chômage est de 18,2% dans l'ex-RDA, contre 8,3% à l'Ouest. Le Produit intérieur brut (PIB) par tête à l'Est ne représente que 62,7% de celui de l'Ouest, même si de nets progrès ont été enregistrés depuis 1991, où il ne représentait que 33,4% du PIB par tête de l'Ouest.

Conséquence logique, l'est ne cesse de se vider de sa population : l’ex-RDA, qui compte 1,3 million de logements inoccupés, a perdu l'an dernier 80.000 habitants animés par l'espoir de trouver de meilleures conditions de vie à l'Ouest.

Mais le boulet de la réunification – qui a déjà coûté 900 milliards d'euros de subventions depuis 1990 aux régions de l'Ouest et devrait encore en coûter 156,5 sur la période 2005-2019 – ne fait qu'aggraver la morosité économique de l'ensemble du pays.

L'Allemagne, en récession technique après déjà trois trimestres de recul du PIB, peine à juguler son déficit public : après avoir atteint 3,6% du PIB en 2002, il devrait être de 3,8% cette année et c'est sans réellement convaincre que le gouvernement promet de parvenir à repasser sous la barre des 3% en 2004. L’Allemagne paye ainsi au prix fort le colonialisme revanchard de 1990.

L’AUTRE ALLEMAGNE SOCIALISTE ET PRUSSIENNE

Pour de nombreux militants partout en Europe, la RDA avec son socialisme austère et son culte de Luther, de Marx et d'Engels, restera le symbole de la Prusse restaurée une dernière et ultime fois. Cette Prusse, si souvent calomniée et incomprise, qui, avec ses valeurs de travail, de service, d’équité et de sacrifice, incarna le dernier sursaut de l’Allemagne véritable contre Hitler.

Un Etat socialiste qui relevait pieusement les ruines de Potsdam et les statues de Frédéric le Grand.

Qui de nous pourrait oublier la relève de la Garde devant le « Monument aux victimes du Fascisme », face à la statue équestre du « vieux Fritz », avec ses Volksgrenadiers de la « Nationale Volksarmee », qui incarnait incontestablement la tradition glorieuse de la vieille armée prussienne ?

Cette Prusse qui se dressa contre Hitler le 20 juillet 1944 (le journal des SS, « Der Schwarz Korps » désignait l’ennemi au lendemain du Putsch de Stauffenberg par un seul nom : « La Prusse ») et qui inspirait le combat héroïque de nos camarades nationaux-bolcheviques contre le Nazisme.

Pour les Communautaristes européens, la nostalgie de la RDA nationale-communiste et de sa « National-Volksarmee », avec ses milices ouvrières, est indéniable. Et le culte rendu à l'Est à nos camarades Schulze-Boysen et Arnack, et à leur « Orchestre Rouge » un souvenir poignant. En particulier pour les cadres de notre organisation qui n’oublient pas leur engagement de jeunesse entre Berlin et Leipzig et l’enthousiasme de leur 20 ans pour le Socialisme prussien.

UN DESTIN AVORTE

L’Histoire rendra justice à l’ « autre Allemagne », le regard des historiens change. Face à la vomissure capitaliste et néo-coloniale de l’Ordre libéral de Bonn, la RDA incarne l’espoir avorté d’une « autre Allemagne » et d’un autre destin pour la patrie de Marx, d'Engels et de Luther !

Luc MICHEL

 

 Sur les liens entre la RDA et notre Organisation, lire :

"COMMUNAUTARISME EST-ALLEMAND"
ET COMMUNAUTARISME EUROPEEN :
LA VISION NATIONAL-COMMUNISTE
DE "L'AUTRE ALLEMAGNE" SOCIALISTE ET PRUSSIENNE

 

 Sur la Prusse et sa place dans la Résistance nationale-bolchevique
 et nationale-révolutionnaire au Nazisme, lire :

"LA RESISTANCE NATIONALE-BOLCHEVIQUE AU IIIe REICH" (1ère Partie)

"LA RESISTANCE NATIONALE-BOLCHEVIQUE AU IIIe REICH" (2e Partie)


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