« Dix ans depuis la fin de la République Démocratique
Allemande. Dix ans de propagande capitaliste et libérale contre
l’autre Allemagne socialiste et prussienne. Dix ans de misère
pour les Allemands de l’Est livrés au colonialisme de
l’Ouest… »,
commente l’éditorial de « L’EUROPE COMMUNAUTAIRE», qui dénonce
« la trahison de la RDA » et précise que « Erich
Honecker, chef d'Etat de la RDA, leader du Parti communiste de la
RDA (SED) pendant dix-huit ans et figure de proue de l’autre
Allemagne socialiste et prussienne, a été destitué le 18 octobre
1989 par les opportunistes de son propre parti, inspirés et armés
par le révisionnisme de Gorbatchev (...) Comme leur modèle
Gorbatchev, les opportunistes ont ouvert la voie du malheur pour
leur peuple ».
L’éditorial salue aussi « le dernier combat
d'HONECKER » : « Quant à Erich Honecker, il est
mort en mai 1994 au Chili des suites d'un cancer du foie.
Auparavant, il avait été emprisonné par le régime libéral de
RFA, et poursuivi en justice où on voulait lui appliquer rétroactivement
les lois de l’Allemagne fédérale. Comme à des centaines de
dirigeants, fonctionnaires et militaires de la RDA, état souverain
et internationalement reconnu depuis 1947 ! Dans l’acte
d’accusation figuraient aussi des actes datant de la lutte du KPD
contre les Nazis avant 1933 ! A la suite d’une campagne
internationale de soutien, marqué par la création de « Comités
Honecker », et à laquelle le PCN est fier d’avoir contribué, le
vieux leader, gravement malade, finira par être libéré ».
Les « Comités de Solidarité
internationale Honecker » verront d’ailleurs réunis
dans le même combat nationaux-communistes, nationaux-révolutionnaires
et communistes.
« La suite est tristement connue. Ce sera la
« réunification officielle », en fait une opération de
colonisation de l’Est par l’Ouest, où l’ex-RDA sera livrée
au capitalisme sauvage et au chômage »
ajoute « L’EUROPE COMMUNAUTAIRE », qui dénonce aussi
l’imposture du PDS, qui a pris la succession de la SED : «
Ironie de l’Histoire, les néo-communistes du PDS, héritiers des
liquidateurs opportunistes de 1989 et leur parti porteur du sigle
honteux qu'ils avaient choisi en 1989, y capitalisent les voix des
nostalgiques de la RDA, de plus en plus nombreux. Après avoir
obtenu les biens et les avoirs de l'ancien Parti communiste de RDA.
La trahison n'est pas toujours sanctionnée par l'histoire... »
LE PCN ET SA VISION NATIONALE-COMMUNISTE
DE LA « REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE ALLEMANDE »
Le PCN y précise aussi sa vision
nationale-bolchevique de la RDA et de son « destin avorté » :
« Pour de nombreux militants partout en Europe, la
RDA avec son socialisme austère et son culte de Luther, de Marx et
d'Engels, restera le symbole de la Prusse restaurée une dernière
et ultime fois. Un Etat socialiste qui relevait pieusement les
ruines de Potsdam et les statues de Frédéric le Grand. Qui de nous
pourrait oublier la relève de la Garde devant le « Monument aux
victimes du Fascisme » face à la statue équestre du « vieux
Fritz », avec ses Volksgrenadiers de la Nationale VolksArmee,
qui incarnait incontestablement la tradition glorieuse de la vieille
armée prussienne ? Cette Prusse qui se dressa contre Hitler
le 20 juillet 1944 et qui inspirait le combat héroïque de nos
camarades nationaux-bolcheviques contre le Nazisme. Pour les
nationaux-bolchéviques européens, la nostalgie de la RDA
nationale-communiste et de sa « National-Volksarmee »,
avec ses milices ouvrières, est indéniable. Et le culte rendu
à l'Est à nos camarades SCHULZE-BOYSEN et ARNACK, et à leur
« Orchestre Rouge » un souvenir poignant. En
particulier pour les cadres de notre Organisation qui n’oublient
pas leur engagement de jeunesse entre Berlin et Leipzig et
l’enthousiasme de leur 20 ans pour le Socialisme prussien. L’Histoire
rendra justice à l’autre Allemagne, le regard des historiens
change. Face à la vomissure capitaliste et néo-coloniale de
l’Ordre libéral de Bonn, la RDA incarne l’espoir avorté
d’une autre Allemagne et d’un autre destin pour la patrie de
Marx, d'Engels et de
Luther ! ».
LE
COMMUNAUTARISME EUROPEEN ET LA DDR
Le PCN s’inscrit d’ailleurs là aussi dans la
tradition du courant communautariste européen qu’il incarne. Dès
1966, on pouvait déjà lire dans « LA NATION EUROPEENNE »
un éloge de la RDA sous le titre « Sans Plan Marchal,
le véritable miracle allemand ».
Pas plus que le PCN trois décennies plus tard,
« LA NATION EUROPEENNE » ne dissimule pas sa sympathie
pour « l’autre Allemagne ». Ses éditions française
et italienne publient un numéro qui porte en couverture le titre « Demain
le National-communisme » et la photo d’un défilé
en armes des milices ouvrières de la DDR.
THIRIART lui-même, opticien de métier, qui se
rendait fréquemment en RDA dans le cadre de ses activités
professionnelles et syndicales, ne dissimulait pas sa sympathie pour
« l’autre Allemagne » et son « ambiance
tonique ». Il devait y organiser dans les Années 70 à
Leipzig, un des centres de l’Optique mondiale, l’un des congrès
de son syndicat transnational, la « Société d’Optométrie
d’Europe » (SOE).
LES ORIGINES NATIONALE-BOLCHEVIQUES DE LA DDR :
LE « NATIONALKOMITEE FREIES DEUTSCHLAND »
Les sympathies des Communautaristes européens pour
la DDR plongent aux sources même du « premier Etat
allemand des ouvriers et des paysans » et des origines
nationale-bolcheviques et nationales communistes de « l’autre
Allemagne » : le « NATIONALKOMIETE FREIES
DEUTSCHLAND », qui, puise lui-même ses fondements idéologiques
dans la « Déclaration pour la Libération nationale et
sociale de l’Allemagne » du KPD, publiée en 1930. « En
1943, les anciens dirigeants communistes allemands survivants :
Anton Ackermann, Johannes Becher, Hermann Matern, Wilhlem Pieck,
Walter Ulbricht y ont organisé un Comité national de l'Allemagne
libre (Nationalkomitee freies Deutschland) sous le contrôle étroit
des autorités soviétiques. Ce Comité national qui devait
coordonner la résistance à Hitler a surtout constitué une élite
allemande loyale à Staline, susceptible de prendre le pouvoir à la
libération ».
Anton ACKERMANN est un des idéologues du KPD,
notamment au moment de la « Déclaration pour la Libération
nationale et sociale de l’Allemagne », qui
voulait arracher les masses nationalistes au Nazisme. Présenté
par les historiens comme le théoricien du « national-communisme »,
il sera de 1945 à 1953 l’idéologue de la DDR.
L’un des fondements de la politique du KOMINTERN en
Europe depuis 1919 était la volonté d’effectuer la jonction de
la Révolution allemande avec la Russie des Soviets. « La décision
d'Hitler de faire la guerre à la Russie n'a pas mis fin à ces vues
plus anciennes. Dès octobre 1941, le vétéran communiste Walter
Ulbricht dirigeait la formation d'une ligue communiste parmi les
prisonniers de guerre allemands. Dans un discours prononcé au
Soviet de Moscou le 6 novembre 1942, Staline affirma : « Nous
n'avons pas pour but de détruire l'Allemagne, car détruire
l'Allemagne est impossible... notre but n'est pas de détruire toute
la force militaire en Allemagne, car toute personne instruite
comprendra que ce n'est pas impossible seulement à l'égard de
l'Allemagne mais également indésirable du point de vue de l'avenir ».
Les 12-13 juillet I943, le Comité national de l'Allemagne libre fut
fondé à Moscou sous la présidence nominale du général Junker
Walther von Seydlitz, fait prisonnier à, Stalingrad, et sous, la
direction véritable de Wilhelm Pieck, chef communiste allemand et
ancien secrétaire de l'Internationale communiste ».
Le but de l’opération est
double : préparer la naissance d’une nouvelle armée
allemande antifasciste de libération et préparer les cadres qui
prendront après la victoire le contrôle de la nouvelle Allemagne démocratique.
La réaction des anglo-américains est violemment
hostile. « Ces thèses provoquèrent des réactions de méfiance
et de suspicion chez les Alliés occidentaux. La création à Moscou
du Comité national pour l'Allemagne libre fut considérée comme
une première étape vers la constitution d'un gouvernement pour
l'Allemagne de l'après- guerre, et comme les préparatifs d'accords
séparés entre l'Allemagne et l'Union soviétique ».
Le théoricien conservateur influent James BURNHAM
donne le ton dans un article publié dans la Revue « THE
COMMONWEALTH » et intitulé « Stalin and the
Junkers ». BURNHAM a parfaitement saisi la démarche
de STALINE : «L e Comité de l'Allemagne libre ouvrit
des bureaux dans toute la terre sous direction communiste. Il attira
l'adhésion, à l'étranger, de la masse des réfugiés et résidents
de langue allemande : socialistes, Iibéraux et patriotes allemands
ordinaires mais anti-hitlériens. A l'intérieur de l'Union soviétique,
le Comité et ses filiales entreprirent la conversion des
prisonniers allemands nazis au communisme et la formation d'agents
spéciaux pour les bataillons de l'armée d'une future « Allemagne
libre ». En août 1944, quand Friederich von Paulus, le
commandant allemand à. Stalingrad, annonça qu'il adhérait au
Comité, près de cent officiers généraux prisonniers en étaient
déjà, membres. L'Angleterre et les Etats-Unis s'alarmèrent
tellement de ce Comité de l'Allemagne libre qu'ils obtinrent à
Yalta la signature de Staline au bas d'un paragraphe par lequel il
renonçait à établir le Comité en qualité de nouveau
gouvernement allemand. Comme toujours, pour les communistes, une
telle renonciation n'était que de pure forme et ne les engageait à
rien. Le Comité de l'Allemagne libre est l'expression des projets
communistes au sujet de l'Allemagne. Son programme (...) offrant aux
Allemands l'appât d'une part de second associé dans le Soviet
eurasien et dans le futur Empire mondial ».
STALINE connaissait la valeur d'un mythe
national. Selon les besoins de sa politique, il glorifiait
des tsars comme Ivan le Terrible ou Pierre le Grand, et des chefs
militaires de l'ancienne Russie, comme Koutousov, le vainqueur de
Napoléon. A l'époque des tensions internationales, avant la deuxième
guerre mondiale, STALINE recherchait l'appui de la population. Il
avait bien compris qu'un jour l'Armée Rouge devrait se battre –
et des soldats sans idéal national se battent mal. C'est pourquoi,
dans la ligne du « patriotisme rouge » des
années de la guerre civile, il remit en honneur ces idéals de
l'ancienne Russie : ainsi l'armée rouge reçut des uniformes
du modèle du temps des tsars. La guerre qu'elle devait faire,
STALINE l'appela la « grande guerre patriotique ».
Lorsque, au début 1943, après la bataille de
Stalingrad, pour la première fois un groupe nombreux d'officiers
supérieurs allemands, qui devaient avec raison se sentir trahis et
vendus par Hitler, eut capitulé, STALINE, avec les cadres du KPD réfugiés
en URSS et dans les pays anglo-saxons, décida de gagner aux
objectifs soviétiques ces officiers et, avec eux, tous les
prisonniers de guerre allemands. Ils ne le firent pas avec le
drapeau rouge de la révolution mondiale communiste, mais avec les
couleurs traditionnelles de l'Allemagne : noir-blanc-rouge et
en évoquant le souvenir de la fraternité d'armes
germano-russe contre Napoléon en 1812 et de la politique
d'alliance germano-russe de Bismarck vers 1880. C'est ainsi
que, le 12 juillet 1943, à Krasnogorsk, le camp modèle n° 27 à
proximité de Moscou, naquit le « COMITE NATIONAL ALLEMAGNE
LIBRE », sous les portraits de LENINE unis au drapeau impérial
allemand. Le Comité publie immédiatement un MANIFESTE cosigné par
la direction du KPD et des soldats allemands. A côté de onze
dirigeants communistes - dont PIECK et ULBRICHT – figurent les
signatures de 16 soldats et sous-officiers, ainsi que de 11
officiers – dont trois officiers supérieurs. Le Comité était présidé
par un militant communiste, Erich WEINERT, ancien combattant
d’Espagne, et auteur – il est un poète renommé – du « Chant
des Brigades internationales ».
Les adversaires d’Hitler dans le corps des
officiers, dont on avait recherché l'adhésion, suivirent en
septembre 1943, lorsque l’ « UNION DES OFFICIERS
ALLEMANDS » fut fondée. Alors, le maréchal VON PAULUS, le
vaincu de Stalingrad, les généraux VON SEYDLITZ, VON DANIELS,
KORFES, LATTMENN et bien d’autres rejoignirent le Comité
National, dont plusieurs centaines d’officiers généraux.
On y retrouvait de vieux
adversaires de HITLER, comme Ottomar PECH, futur général de la NVA,
qui appartenait au réseau berlinois de l’ « ORCHESTRE
ROUGE », dirigé par les nationaux-bolchéviques ARNACK et
SCHULZE-BOYSEN. Ou encore le général Otto KORFES, membre du groupe
national-révolutionnaire de STAUFFENBERG (son beau-frère fut exécuté
pour avoir participé au soulèvement héroïque du 20 juillet
1944).
Les actions de propagande du « Comité National »,
avec ses millions de tracts, de journaux et les appels journaliers
de Radio Moscou « au peuple allemand et à la Wehrmacht
allemande », contribuèrent à la désagrégation de la
machine de guerre nazie.
Agissant internationalement au sein de l’émigration
allemande antinazie, le Comité avait aussi des activités en France
occupée, où fut mis sur pieds avec le « COMITE DE
L'ALLEMAGNE LIBRE POUR L'OUEST » (CMVO) : « C'est
à partir d'août 1943 qu'une part importante du travail de résistance
politique se concentra sur les contacts avec les émigrés sociaux-démocrates
ou d'autres émigrés politiques allemands, dispersés surtout dans
le Sud de la France, et des membres de la Wehrmacht, en vue de la
distribution massive du manifeste du Comité national pour
l'Allemagne libre, créé en été 1943 à Moscou, afin de
constituer en France un Comité pour l'Allemagne libre (Nationalkomitee
Freies Deutschland) avec des représentants sociaux-démocrates et
d'autres groupes anti-nazis, des membres de la Wehrmacht, des comités
de soldats, etc (...) Le CALPO se déclara ouvert aux objectifs de
combat et au programme du Comité national pour l'Allemagne libre
basé à Moscou, à savoir « l'unification de toutes les forces
antifascistes, pour créer une Allemagne démocratique » (...) Dans
les documents d'agitation, le CALPO exhortait les soldats et les
officiers allemands : « Arrêtez les combats [...] Rendez sa liberté
à la France [...] vous n'avez rien à faire dans les pays étrangers
[...] Ne tirez pas sur les Français. Ne participez pas aux
arrestations, ni aux dénonciations ! Nous devons sauver l'Allemagne
et ramener la paix en provoquant la chute de Hitler ! [...] Si on
vous envoie à l'Est, rejoignez l'Armée rouge ! » D'août
1943 à la libération de Paris, en août 1944, le CALPO publia
clandestinement les documents suivants : 63 numéros de Volk
und Vaterland, 25 numéros de Unser Vaterland, 109 tracts et 5
brochures de propagande. Ces publications ont été rendues
possibles grâce à l'aide matérielle et financière du PCF et de
la MOI ».
LA NAISSANCE AVORTEE
DE « L’ARMEE ALLEMANDE DE LIBERATION NATIONALE »
STALINE, qui voyait loin, avait déclaré dès le 6
novembre 1942 : « Nous n'avons pas pour tâche de détruire
toute force militaire organisée en Allemagne. Car tout homme
quelque peu cultivé comprendra que ceci n'est pas seulement
impossible, tant en ce qui concerne l'Allemagne que la Russie, mais
inopportun du point de vue du vainqueur ».
Dans l’entourage de STALINE aussi bien qu’à la
direction du KPD ou au « COMITE NATIONAL ALLEMAGNE LIBRE »,
il y avait des gens qui pensaient qu'il fallait constituer, avec des
prisonniers de guerre allemands, une armée de libération
contre Hitler. Dans l'entourage du général VON SEYDLITZ il
fut aussi question du projet de former une force de police allemande
qui, pénétrant en Allemagne à la suite de l'Armée Rouge, devait
assurer la tranquillité et l'ordre. Mais, suite aux pressions
violentes des anglo-américains, STALINE dut abandonner le projet.
Il n'y a donc jamais eu une « armée Seydlitz », ni une
« armée Paulus » dont les Soviétiques eussent favorisé
le recrutement parmi leurs prisonniers de guerre allemands.
Ces projets auront néanmoins une influence capitale
sur la naissance de la NVA, l’armée populaire de la DDR.
Il faut cependant rappeler que de nombreux soldats
allemands ont servi dans le personnel auxiliaire de l'armée soviétique.
Et aussi le cas des allemands, communistes ayant rejoint l’Armée
rouge après 1941, ou encore anciens des « BRIGADES
INTERNATIONALES » réfugiés en URSS après 1939, qui se sont
battus les armes à la main du côté des Soviets, notamment dans
les armées de partisans. Heinz ZORN, le premier chef d'état-major
des forces aériennes de la DDR, fut, après être passé à
l'ennemi par antifascisme, partisan soviétique. Il en était de même
de Rudolf BARBARINO, ancien sous-lieutenant de la Wehrmacht et délégué
du front du « Comité National ». C'est un fait acquis
que beaucoup d'émigrés communistes et de communistes de vieille
date se sont battus pendant la deuxième guerre mondiale comme
partisans soviétiques contre les Hitlériens. Dans les premières
années de « l'Armée Populaire Nationale » de la DDR,
on retrouvera souvent aux postes de commandement ces partisans soviétiques.
En France, le « Comité » aura des
activités militaires dans les maquis et la Résistance : « A
partir de septembre 1943, le CALPO forma une organisation de résistance
allemande autonome en France, reconnue par les autres groupes et
mouvements de Résistance française. Ce n'est qu'en juin 1944 que
fut officiellement ratifiée une convention conclue entre le délégué
général du CALPO de l'ancienne zone Sud et les chefs de tous les
groupements de la Résistance de la région toulousaine par le
commandement suprême d'Alger représenté par le général
Bourdelait. Cette reconnaissance était très importante pour
participer aux opérations dans de nombreux maquis FTP qui avaient
accueilli, parmi les réfugiés antinazis, environ 250 Allemands,
anciens volontaires des Brigades internationales (...) Après la libération
de Paris à laquelle ont participé plus de 100 réfugiés allemands
dans le cadre des FFI, a commencé une nouvelle étape de travail du
CALPO qui regroupait en janvier 1945 plus de 300 réfugiés
anti-hitlériens et quelques dizaines de soldats et officiers de la
Wehrmacht ». Le chef régional du Mouvement national des
prisonniers et déportés, C. STRICKLER, a préfacé comme suit le
rapport d'activité du CALPO (Toulouse) le 28 décembre 1944 : « En
guise de préface [...], je pourrais simplement écrire mon
admiration profonde pour le travail exécuté par nos camarades dont
le loyalisme ne s'est pas démenti un seul instant. Il est certain
que, pourchassés par la Gestapo et les agents de Vichy, ils ont
lutté dans des conditions exceptionnellement difFiciles, dans un
climat particulièrement défavorable. Dans la fraternité de la
lutte résistante, nous avons apprécié à sa juste valeur le
courage et le cœur de ces hommes que la haine du nazisme avait
rapprochés de nous. Nous avons parfaitement compris ces combattants
qui s'étaient volontairement exclus de leur patrie et qui
trouvaient difficilement un asile sûr dans la nôtre. Nous avons
travaillé en commun dans des circonstances périlleuses et jamais
aucune indiscrétion ne fut commise. Cependant, ils effectuaient un
travail difficile : diffusion de journaux et de tracts dans les
casernes allemandes, travail que ni les exécutions ni les tortures
abominables n'empêchèrent jamais ».
LA NAISSANCE DE LA DDR
C’est du « Comité National », conçu
comme une fabrique de Cadres, et auquel sont adjointes des
« ECOLES ANTIFA », que va sortir le renouveau du KPD en
Allemagne orientale et, devant l’échec des plans de STALINE, qui
est germanophile, on l’ignore trop souvent, visant à une
Allemagne unifiée démocratique, neutre et socialiste, la naissance
de la DDR : « Les membres du Comité de l'Allemagne
libre, formés à l'étranger par les communistes, furent rappelés
du Mexique, de New-York, de l'Amérique latine, de Londres, de
Stockholm, de Moscou. Pour la première fois depuis la guerre, à
Paris, en juin 1946, Molotov s'éleva contre le fédéralisme et le
démembrement, préconisant une « Allemagne unie ». Il croyait
alors que le résultat était assuré et qu'une Allemagne unie
serait une Allemagne communiste ».
Le 2 novembre 1945, à un moment où les Soviétiques
avaient déjà établi solidement leur pouvoir dans la zone
d'Allemagne qu'ils occupaient, le « Comité National Allemagne
Libre » et l’ « Union des Officiers Allemands »
furent dissous, officiellement pour tranquilliser les anglo-américains.
Mais une partie de leurs membres – parmi lesquels des officiers
– étaient revenus en Allemagne dès 1945 pour participer à l’ « organisation
démocratique », sous la direction d'ULBRICHT, de la zone
d'occupation soviétique. La plupart des officiers du « Comité
National » furent alors mis en réserve en attendant de
pouvoir, en 1948, reprendre du service dans les forces armées de la
future DDR.
C’est en effet Walter ULBRICHT, « ancien
membre du Bureau politique du parti communiste allemand, membre
important de ce Comité et totalement loyal au « grand frère
soviétique » qui, le premier, le 30 avril 1945, regagne
Berlin. Le groupe qui porte son nom, le « groupe Ulbricht »,
est placé sous le contrôle direct de l'administration militaire
soviétique (Sowjetische Militaradministration, SMAD) et va
travailler en étroite collaboration avec elle. Les communistes sont
d'ailleurs les premiers à bénéficier de la seconde ordonnance de
la SMAD qui, le 10 juin, autorise la reconstitution des « partis
démocratiques ». Le 11 juin 1945, le Parti communiste
allemand se reconstitue sous la direction des anciens exilés de
Moscou, ils en élaborent le programme politique en liaison directe
avec les autorités soviétiques (...) à partir d'octobre
1945, Walter Ulbricht propage l'idée de la « voie
particulière allemande au socialisme ». »
Le 22 avril 1946, le
« Parti socialiste unifié » (« Sozialistische
Einheitspartei Deutschlands », SED) est créé.
Celui-ci résulte de la fusion du « Parti social-démocrate
allemand » (« Sozialdemokratische Partei Deutschlands »,
SPD) d’Allemagne orientale et du Parti communiste (« Kommunistische
Partei Deutschlands », KPD). En zone occidentale, les
Sociaux-démocrates, sous contrôle américain, refusent la fusion.
Rapidement, la guerre froide s’annonce. Les zones
soviétiques et occidentales se séparent dans les faits. A l'Ouest,
les trois puissances d'occupation commencent à faire naître l'idée
d'une entité allemande occidentale. Le 1er Juillet 1948, les alliés
présentent les « documents de Francfort » aux délégués
des Länders des 3 zones. Ils contiennent des propositions sur
l'avenir territorial des Länders, une ébauche du statut
d'occupation, et un projet de constitution. C’est sur cette base
qu'élaborent 65 députés une charte constitutionnelle en coopération
avec les puissances occupantes. Le 8 mai 1949, 5 ans après la défaite
du Reich nazi réapparaît un état allemand par l'approbation du
texte définitif de la Loi fondamentale (Grundgesetz) par 53
voix contre 12. La loi entre officiellement en vigueur le 23 mai
1949 : la République Fédérale d'Allemagne, en allemand BRD, BundesRepublik
Deutschland est officiellement créée, avec pour capitale Bonn.
Devant le refus définitif par les occidentaux
d’une Allemagne unifiée, telle que la propose STALINE, dans la
zone Est va se constituer parallèlement à la RFA un Etat
socialiste. Le parti communiste (SED) est de plus en plus contrôlé
par les durs du mouvement et se stalinise. En juin 1948, la « déviation
titiste » est condamnée par tous les dirigeants
est-allemands. Le 22 octobre 1948, le « Conseil du peuple »
(Volksrat) présente le projet d'une constitution pour
une République démocratique et indivisible. Ce projet est approuvé
le 30 mai 1949 et, le 7 octobre, le « Conseil du peuple »
occupe provisoirement la place de chambre du peuple afin
d'officialiser la naissance de la « République Démocratique
Allemande » (« Deutsche Demokratische Republik »,
DDR) et d'élire Wilhelm PIECK, premier président du « premier
état allemand des ouvriers et des paysans ».
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